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BIENVENUE P'TIT FRÈRE + « Juliet, Akselle, venez voir papa et maman mes princesses, on a quelqu'un à vous présenter. » Alors que ma soeur jumelle et moi-même jouions dans le jardin de la maison familiale, maman était assise sur la terrasse avec un paquet dans les bras. Chacune une glace dans les mains, nous accourions vers nos parents. Ma sœur se mit sur les pointes de pied devant maman alors que moi, j'étais plutôt occupé à finir ma glace. Nous savions ce que maman avait dans les bras, elle nous avait pas mal parler de ce grand évènement qui allait changer nos vies. « Mes bébés, je vous présente votre petit frère, Mahé. » Les yeux grands ouverts, ébahies par le petit bébé dans les bras de maman, nous lancions des ouah et oh qui en disaient long sur nos sentiments. Nous n'avions pas vu le ventre de maman s'arrondir, nous n'avions même pas été le chercher à l'hôpital. Mahé, on a été le chercher au magasin, il était déjà tout prêt. Elle l'a choisit comme Akselle et moi avions choisi nos vêtements du jour. A deux ans seulement, nous devenions grandes soeurs pour la toute première fois. Oh bien sûr, pour nous c'était surtout l'occasion d'avoir une poupée qui bouge et pleure vraiment, même si les pleurs, on s'en seraient largement passé.

CHIPS, GÂTEAUX ET CHOCOLAT + Je venais à peine de sortir le moelleux au chocolat du four qu'une part se trouvait déjà dans mon assiette. Je ne résistais jamais face à du chocolat puis je dois l'avouer, si je pouvais passer ma vie à manger et à dormir, je le ferai. En fait, mon plus grand rêve serait de me réincarner en chat, ils ne font que ça de leur journée. Manger et boire, c'est bien la meilleure des choses. Heureusement pour moi, je n'avais pas un corps qui gardait en mémoire tous les kilos que je pouvais prendre. D'ailleurs, je pouvais manger autant que je voulais, ma balance affichait toujours le même nombre, la classe que j'ai moi quand même. « Tu manges encore la grosse ? » Mon frère me rejoignit dans la cuisine et fit comme à son aise. Comme aujourd'hui où malgré mon interdiction, il se servait de mon délicieux gâteau au chocolat. « Dégage, tu sais très bien que c'est interdit de toucher à ma bouffe. » C'était bien vrai, il le savait mais, depuis gamin, il adorait me voler mes gâteaux. La nourriture pour moi, c'était comme ma religion, je ne pouvais pas m'en passer. Il suffisait de regarder dans mes placards pour le savoir, ils étaient toujours bondés de pleins de bonnes choses. « T'allais pas le manger à toi toute seule quand même ? » Je le regardai puis lui fit ma plus belle grimace. Il éclata de rire et je le suivis en voyant qu'il avait du chocolat plein sur le visage. Mon petit frère est mon plus grand amour, je ne peux pas me passer de lui, surtout quand il fait le clown comme à ce moment-là. « C'est vrai, j'avais oublié que tu étais un estomac sur pattes sœurette. » D'un coup d'épaule, il me bascula mais, ayant très peu d'appui, je basculai par terre. « Putain Mahé, je vais te tuer, j'me suis fait mal à cause de toi. » Mon frère était mort de rire et me tendit la main pour que je puisse me relever. Il était quand même sympa mon petit frère et toujours attentif à moi. « Arrête de mentir, ton gros cul t'a évité tous les chocs. » En fait, je retire ce que je viens de dire, mon frère c'est le plus débile de tous les garçons.

ET POURTANT JE T'AIME A LA FOLIE + « Tu rentres encore tard ce soir sœurette. » J'avais à peine passé la porte d'entrée que mon frère me faisait une réflexion qui selon moi, était déplacé. Je n'aimais pas que l'on me surveille et encore moins que l'on me donne des ordres, j'étais complètement contre tout ça. Je le toisa du regard, enleva mes talons et passa devant lui sans même lui adresser la parole. J'avais pas mal bu et marcher droit était un challenge important ce soir. « Jules, tu penses réellement qu'Akselle aurait aimé te voir dans un état pareil ? » La colère me monta très vite à la tête, même s'il fallait avouer qu'elle était pas mal aidé par l'alcool. Je lâcha mes talons qui firent un vacarme en claquant contre le carrelage. « Je t'interdis de parler d'elle, t'as pas le droit d'en parler. Puis qu'est-ce t'en a à foutre, c'est même pas ta sœur à toi ! » Depuis un moment déjà, je n'arrivais même plus à supporter le prénom Akselle, je voulais plus penser à elle. Je croyais que si je l'oubliais, si je faisais en sorte qu'elle n'avait jamais existé, la douleur de sa perte disparaîtrait mais, c'était tout le contraire. J'étais juste trop fière pour me l'avouer. Sortir des phrases blessantes, c'était devenu habituel chez moi mais, jamais encore je ne m'en étais pris à mon frère. Il était mon premier amour et j'étais si fière de lui que je voulais que personne ne le blesse. Pourtant, je fus bien la première à le faire. « Parce que tu crois qu'il n'y a que toi qui souffre dans cette histoire ? Ne dis pas ça, tu sais très bien qu'elle est aussi ma sœur, autant que toi tu l'es. Et ne crois pas qu'elle me manque pas à moi aussi. » Il avait beau avoir raison, j'arrivais pas à me calmer. Me parler d'Akselle alors que je rentrais d'une soirée alcoolisée où j'avais bu pour l'oublier, ce n'était vraiment pas une bonne idée, vraiment pas. « Mais ferme-la, c'est toi qu'aurait dû crever à sa place putain ! » Je pris mes talons, mon sac à main et repassa la porte d'entrée pour m'enfuir de cette maison, laissant mon frère avec les larmes aux yeux sur place. Je venais sûrement de détruire notre précieuse relation, celle qui me tenait encore debout.